Mille et une précautions

L’air était chaud, alourdit par l’atmosphère huileux et regorgeant d’humidité. Le soleil avait quitté son zénith et descendait lentement derrière l’horizon, accordant un léger repos aux habitants de Nihoa qui avaient travaillés toute la journée au soleil, sous ce climat déplaisant. Malgré cela, l’activité était toujours à son comble au port de la ville, accueillant sans cesse de nouveaux navires à toute heure, amarrant et déchargeant leurs contenus, déplaçant la marchandise, remplissant un autre bateau marchand.

Un peu en retrait, de l’autre côté de la falaise, dans un creux former par l’érosion des vagues sur la paroi rocheuse, hors de vue peu importe l’angle, un immense navire se tenait. Fièrement dressé et subtilement dissimuler, le vaisseau de guerre aux voiles blanches trompeuses et à l’apparence pacifique se camouflait derrière la pierre, sans pavillon, celui des pirates du Sea’s Ghost bien cacher dans l’attente.

Plus près du quai, un homme discret, le visage caché derrière un tissu sombre, Capitaine improbable d’un navire pirate, semblait discuter passablement avec un groupe d’homme. Il remit à l’un deux un sac remplis d’or, l’équivalent d’un mois de salaire, puis quitta le groupe qui se dispersa candidement aussitôt.

*Un mois de salaire pour un transport d’une semaine…*,pensa-t-il en secouant la tête furieusement.

Hearos soupira, il détestait sentir sa bourse s’alléger et cette fois de 550 pièces d’or. Les hommes qui venaient de le quitter avaient conduit le bateau une semaine durant, jusqu’au port de Nihoa. Il avait recruté ces quelques marins dans les contrées lointaines où il avait fait construire son navire pour le faire naviguer jusqu’en ces terres, l’endroit où il débuterait son équipage. Ils avaient exigé un prix fort pour la tâche, mais forcer d’accepter sous peine de ne pouvoir arriver à ses fins, Hearos c’était départit de son argent.

Il prit une grande inspiration, respirant l’air humide qui faisait coller les vêtements à la peau puis jeta un regard circulaire sur le port. Il entreprit une petite marche, jetant un regard par-ci, observant les choses par-là, s’accoutumant rapidement au monde auquel il avait affaire. Il passa entre des matelots qui déchargeaient une cargaison, en accrochant quelque uns au passage qui se retournaient avec un regard réprobateur. Hearos ne les regardaient même pas et continuait son chemin. Il passa près d’une caisse de vivre, laissez là le temps de transporter d’autre caisse. Il l’ouvrit au passage et pris une nectarine sur le dessus avant de quitté les lieux, l’air de rien. Sa première étape, avant de faire quoique ce soit, était de repérer les gendarmes de la Marine, les gardes ou les autorités locales. Il mangea distraitement son fruit en scrutant le quai des yeux, recherchant toute trace d’un de ces hommes armés.

Hearos continuait de se frayer un passage dans la foule. Il ne se dirigeait pas nécessairement quelque part, il ne faisait que s’en donner l’air pour se laissez le temps d’analyser le quai. Tout semblait normal. Il avait repéré deux gendarmes qui inspectaient les passants qui entraient ou sortaient du port et un autre plus loin, qui vérifiait les cargaisons et les passagers des navires marchands. Rien de plus facile pour passer inaperçus…. Cependant, il n’était pas sûr de leur nombre. Quels que hommes et femmes, appuyer contre un mur ou assis sur un baril semblaient attendre quelqu’un ou quelque chose. Mais peut-être parmi eux se trouvait-il des hommes de la Marine? S’aurait été l’alibi parfait pour quelqu’un qui aurait besoin de scruter tout le quai.

Hearos grimaça; tant pis pour le nombre d’officier en service, il n’aurait qu’à être plus vigilant. Tandis qu’il baissait la tête pour réfléchir, un homme corpulent chargé d’un baril qui lui cachait la vue le percuta de plein fouet, faisant tomber le Capitaine au sol.

- Hé le môme, dégage le plancher! Beugla le marchand d’un air hautain en déposant sa cargaison.

- Ne me cherche pas, répliqua-t-il en se relevant vivement, un sourire mauvais étirant ses lèvres, regarde d’abord où tu pose ton gras avant d’étouffer quelqu’un par inadvertance…

Offusqué, l’homme fit un geste vers sa ceinture pour dégainer son sabre. Hearos le prit de vitesse et mit sa main sur le pommeau de son épée, prêt à la retirer au besoin.

- Range ton cure-dent p’tit, lui dit l’homme en lui montrant d’un regard ses compatriotes, tous la main porté discrètement à leurs sabres, tu risquerais de te blesser… par inadvertance.

*Et mer…*, pensa Hearos en voyant les six hommes qui accompagnait le marchand.

Ils avaient l’avantage du nombre, ça, il le voyait bien. Il ferait mieux de se tenir tranquille, surtout qu’il venait surement d’attirer l’attention des gendarmes de la Marine plus qu’il ne le fallait. Sa respiration s’accéléra, espérant que son problème n’est pas trop troubler l’ordre publique. Il regarda un des hommes qui s’approchait lentement. C’est à ce moment là qu’il vit, par-dessus l’épaule de son futur assaillant, un homme assis sur un muret qui regardait plus ou moins fixement dans sa direction, l’air de rien. Hearos serra la mâchoire, il espérait que ce ne fût qu’une impression et que ce n’était pas un homme de loi, sinon, il était vraiment dans de beaux draps.

Rien ne bougeait encore, Hearos jetait un coup d’œil de tous les côtés pour regarder la position de ses adversaires. Il ne pouvait vraiment pas se sortir de cette impasse, ces ennemis formaient un cercle quasi-parfait autour de lui et s’il faisait un mouvement, il était pris au piège. Il se redressa donc, essayant d’avoir l’air détendu.

-Essayons de régler ça à l’amiable, messieurs, dit-il malgré lui.

Il se mordilla la lèvre inférieur, si les hommes du marchand avaient envi de se défouler sur le premier venu, ça alerterais les autorités et il ne serait pas au bout de ses problème. Le commerçant éclata d’un rire gras, sentant la situation tourner à son avantage. Il regarda le Capitaine de toute sa grandeur et décida de profiter un peu de la situation.

-Et combien conte-tu régler ça?

Combien? Hearos leva les yeux au ciel. Pourquoi n’avait-il pas pu simplement passer son chemin au lieu de riposter? Mais non, c'était dans sa nature, c'était plus fort que lui.

-Pas question de pay…

À ces mots, l’homme qui lui faisait face reçus comme un signal et se jeta sur lui, toute arme dehors. Il tomba sur Hearos qui para le coup, destiné à son bras, avec son sabre. Les deux hommes tombèrent au sol.

Et ce fut la panique générale…

La foule toute autour s’écarta vivement, lançant des cris de terreur, cherchant à fuir le plus loin possible pour certain et pour d’autres, ne faisant même pas l’effort d’être dérangé par les batailles presque devenues coutumes ici. Les autres hommes s’approchèrent en dégainant leurs sabres. Hearos envoya culbuté son assaillant en arrière avant de se relevé et de paré deux épées. Ses antagonistes le forcèrent à reculer en appuyant sur leur lame, produisant un chuintement infernal. Ils le repoussèrent d’un grand coup et Hearos voleta dans les airs quelques secondes avant d’atterrir dans un étalage de fruit qui se fracassa sous son poids. Il tomba directement sur un homme assis sur un tonneau, le renversant rudement sous les décombres.